“Le succès, c'est notre drogue”.
Les Allemands de Tokio Hotel reviennent avec l'album Humanoid • Ce quatrième opus est co-écrit par RedOne et Ryan Tedder, de OneRepublic • Rencontre avec le chanteur androgyne Bill Kaulitz
C'est votre deuxième album qui sort également en anglais...
Ce qui est différent cette fois-ci c'est qu'on le sort dans les deux langues en même temps, et on va continuer à faire pareil dans l'avenir.
Tu préfères chanter en anglais on en allemand ?
L'anglais et l'allemand font partie de nous mais je ne pourrais pas dire si je préfère l'un ou l'autre. En fait, lorsqu'on était en tournée aux Etats-Unis la dernière fois, on a chanté en allemand aussi. On a chanté plus en anglais, c'est vrai, mais en même temps, les fans veulent aussi nos chansons en allemand. D'ailleurs, ils chantent avec nous !
Les Scorpions étaient énorme aux Etats-Unis...
(Rires.) C'est une légende, ce groupe, avec des titres qui sont devenus légendaires. En même temps, ce n'est pas du tout notre genre de musique ! Pour Rammstein, c'est pareil. Ils sont super sur scène, mais bon, ce n'est pas notre tasse de thé.
Vous avez travaillé avec pas mal de gens. Cela a-t-il contribué à faire un son plus mature ?
En fait, pour nous ça a été un développement, mais ce n'est pas non plus quelque chose qu'on a fait exprès. On ne s'est pas dit : “Voilà, maintenant on va créer un nouveau son.” On n'avait pas écrit depuis longtemps, et donc on a voulu voir quel genre de musique chacun de nous veut faire. Et finalement, c'est ça que ça a donné. On s'est dit aussi qu'on va essayer de faire autre chose que la guitare, la basse et la batterie. C'est comme ça que c'est arrive mais ce n'est pas quelque chose qui a été fait sciemment.
Il y a beaucoup de synthés. Certaines sonorités rappellent les années 80...
C'est vrai. Cela dit, chacun de nous écoute une musique différente, mais d'autre part, pendant toute la phase de la production de l'album, on n'écoute pas d'autres musiques. On est tellement concentré sur soi-même et sur ce qu'on veut faire qu'il n'y a pas vraiment eu d'influence. On a juste essayé de voir comment on pourrait élargir le son de Tokio Hotel. Et même pendant la production, on a essayé des tas de choses pour voir ce qu'on voulait faire. On a fait ce qu'on a senti à l'intérieur de nous et c'est ce que ça a donné.
Que penses-tu quand tu réécoutes les chansons de vos débuts ?
Ma voix a évidemment changé parce qu'elle est devenu plus grave, mais d'un autre côté, c'est vrai qu'on est plus âgés mais pas forcément plus adultes !
Ah bon, vous menez une vie de débauche très rock'n'roll ?
Je ne comprends pas ce que tu entends par là ! (Rires.) Quand on est en tournée, il n'y a pas d'alcool. De toute manière, on a besoin de nos nuits. Mais si on sort, on fait vraiment la fête avec tout ce qui fait partie du rock'n'roll !
Dans la chanson “World Behind My Wall”, tu chantes: “Un jour je serai prêt à aller voir le monde qui est derrière mon mur.” C'est assez intriguant...
En fait, on a composé les chansons ensemble avec nos producteurs évidemment, mais ce titre-là est extrêmement personnel. Il ne s'agit pas d'être enfermé dans le sens d'une prison, mais entouré de murs tout le temps. C'est ce qui nous arrive depuis cinq ans.
Ça fait partie des inconvénients de votre succès, que vous ne pouvez même pas sortir sans être harcelés pas les fans ?
Oui, tout à fait. On aimerait bien sortir un peu, voir le monde extérieur. Mais on aime aussi le succès. Avant, quand on allait dans d'autres pays, on se baladait sans les gardes du corps, on marchait normalement dans la rue. Maintenant, ce n'est plus possible. Mais on veut que les gens écoutent et connaissent notre musique, donc le succès, ça devient comme une drogue.
Que feriez-vous si vous n'étiez pas musiciens ?
On serait sûrement des musiciens au chômage et on irait en boîte de nuit et de bar en bar pour jouer un peu. Et à côté, on ferait quelques films porno pour gagner un peu d'argent !
Pourquoi? On vous a déjà propose des rôles ?
Non, pas directement. Personne ne va me le proposer car il n'est pas très réaliste que je participe au film.
Il n'y avait pas un projet pour un film de Tokio Hotel ? Mais je pense que ce n'était pas porno !
(Rires.) Evidemment, on a déjà eu des propositions, pas pour faire un film porno mais en tant que groupe. Personnellement, j'ai beaucoup de respect pour les acteurs, mais il ne faut non plus trop faire. Les musiciens ne devraient pas être acteurs et les acteurs ne devraient pas être musiciens. Il ne faut pas tout mélanger. Mais ce n'est pas exclu si un jour on nous propose le bon rôle.
Tes camarades se sentent-ils un peu délaissés parfois par toute l'attention tu reçois ?
Ça n'a jamais été un sujet entre nous. Mais c'est un sujet qui revient en ce moment car il se trouve que je suis tout seul sur la pochette du nouvel album. Ça va perturber le monde, c'est sûr. Mais ça n'a jamais été une question pour nous car chaque groupe a un chanteur et il se trouve que le nôtre, c'est moi.